Danse et esthétique du Misanthrope : Interview avec Clara Leduc

Dans sa mise en scène Morgan Pérez a choisi de diviser le plateau dans un jeu de miroirs construit avec intelligence. D’un côté, le nœud dramatique de la pièce, où défilent tous les comédiens passionnés et fougueux, affrontant la misanthropie d’Alceste. De l’autre, grâce à l’astucieuse collaboration de la chorégraphe Clara Leduc, la danse vient apporter un écho illustré à chaque propos de la pièce. Lumière sur le travail de Clara…

 

# Clara, comment a débuté votre collaboration avec Morgan Pérez sur cette nouvelle mise en scène ?

Morgan connaissait mon travail en tant que chorégraphe et danseuse. Lorsqu’il m’a proposé de jouer le rôle d’Eliante, il m’a parlé de son idée d’associer la danse au texte, pensé comme une autre forme de narration. Ensemble, nous en avons longuement discuté et il m’a ainsi proposé de m’occuper des chorégraphies.

 

# Lors de la première, toute l’équipe a été impressionnée par la richesse d’avoir associé la danse au texte de Molière, comment avez-vous travaillé cette mise en abîme et cet effet miroir par le corps ?

Morgan m’a beaucoup parlé des personnages, de leurs relations, de ce qu’il voulait témoigner dans ces moments dansés. Ainsi, nous avons gardé en tête les situations, tout en étant totalement libre de créer du mouvement.

La scénographie du plateau nous a beaucoup aidé à séparer l’espace de danse et l’espace de jeu et à créer cet effet miroir.

 

# Comment avez-vous accompagné et travaillé avec les comédiens, sachant qu’ils n’ont pas nécessairement une formation de danse au départ ? 

Dès de début des répétitions nous avons beaucoup travaillé le corps, avec des échauffements collectifs. Lorsqu’on est arrivé au travail chorégraphique, je me suis appuyée sur les comédiens eux-mêmes. On parlait ensemble de ce qu’on voulait raconter, de l’esthétique. En improvisation, les comédiens faisaient des propositions et pour moi c’était plus intéressant de partir de choses qui leur paraissaient naturelles, qui sont logiques dans leur façon de se mouvoir. J’ai adoré ce travail, et je suis touchée que les spectateurs apprécient cet aspect du spectacle.

 

# De quel chorégraphe vous inspirez vous ?

Angelin Preljocaj, Mats Ek, Blanca Li… Mais également le travail de Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault avec le théâtre du corps.

27.2.2018